Wallis-et-Futuna est un territoire français d’outre-mer situé dans le pacifique sud. On y distingue 2 archipels : Wallis (appelé Uvéa par les insulaires), et les îles de Futuna et Alofi (Sigave et Alo).

En voilier, Wallis est un véritable petit paradis du temps de Moitessier …

 

 

Cette île est peu fréquentée par les navigateur ; c’est pourtant une bonne escale d’autant plus qu’il y a rarement de cyclone, que l’on peut y séjourner longtemps, que la santé est gratuite à l’hôpital de Mata’utu et que le garde-manger poissonneux est conséquent et surtout exempt de ciguatera ! C’est d’ailleurs assez surprenant vu que les wallisiens ont longtemps péchés à la dynamite…

Dernier intérêt de Wallis : il est possible de remplacer dans le milieu médical et de renflouer la caisse de bord très rapidement.

 

 

Il existe un radioguidage  à Wallis ; c’est Michel que l’on peut contacter sur le canal 9 de la VHF. Michel est un radioamateur installé depuis 20 ans sur les hauteurs du mont Atalika (dans le sud) et il se fera un plaisir de vous donner tous les bons tuyaux de l’île.

 

La passe Honikulu est sans danger mais mieux vaut la franchir avec une bonne visibilité et à l’étale, surtout lorsque la mer est mauvaise. Le lagon nord-est de l’île est difficilement navigable avec un quillard.

Le meilleur mouillage est celui de Gahi (Anse Lifuka) qui a l’énorme avantage d’être protégé des coups de vents d’ouest, assez fréquent en été.

Il existe d’autre mouillage plus au sud, devant Halolo où l’on peut débarquer le long du terminal pétrolier (et faire de l'eau en demandant l'autorisation), ou devant la mission catholique de Mala’etoli (Attention, ce mouillage est dans une sorte de cuvette : les quillards devront attendre la marée haute pour y entrer) – accès à terre facile par la petite marina ‘Christophe’ (privée).

Enfin, il reste le mouillage devant Mata’utu (près de l’îlot Fugalei) où le seul point de débarquement à terre est le quai des cargos. Ce mouillage est pratique pour les formalités d’entrées mais il reste exposé aux alizés de sud-est (avril à novembre).

Mouillage dans la baie de Gahi

Contrairement à ce que l’on pense, le nord de l’île est navigable et l’on peut remonter jusqu’à l’île de Nukuloa. La passe Fuga’Uvea est praticable ; elle donne accès à la Baie de l’Ouest où l’on peut mouiller devant la chapelle du Sacré-cœur d’Aloa ; on peut y faire de l’eau en petite quantité et le cratère Lalolalo est à une demi-heure à pied.


Il y a une quinzaine d’îlots paradisiaque très alléchants tout autour de l’île ; le meilleur spot pour la chasse est dans la passe d’Honikulu et au sud de l’îlot Nukuatea.

 

 

Après, ça se complique … car LE gros problème de Wallis, c’est quand même le débarquement à terre.

Si rien ne parait à marée haute, à marée basse la mer se retire très loin, parfois à plus d’un kilomètre, laissant apparaître un paysage vaseux et assez odorant. Il faut donc calculer en permanence le mouvement des marées ou repérer les rares endroits où laisser son annexe en toute sécurité, souvent les quais de débarquement, au risque de se retrouver à sec.

 

 

Une fois à terre, c’est quand même ce que l’on recherchait depuis longtemps : une île qui n’a pas encore été pourrie par la civilisation. Wallis fait 77km², c’est grand pour une population de 9000 habitants. L’île n’est pas très haute ; le point culminant est à 151 mètres, il y a une demi douzaine de cratère qui forme des lacs, la végétation est dense avec beaucoup d’arbres fruitiers et il y a un nombre hallucinant d’église tout aussi jolie les unes des autres, c’est très beau mais le bord des routes est couvert de cannette, en grande partie de la Foster’s…

 

 

Ici, c’est un peu comme la Polynésie d’antan : la présence française est discrète, il y a un roi avec des coutumes plus fortes que les lois métropolitaines, tout le monde se tutoie et se dit bonjour naturellement, il n’y a qu’une chaîne de télé, les motards roulent sans casque, on ne met pas la ceinture de sécurité, l’assurance n’est pas obligatoire, les gendarmes te laissent tranquille et on se demande pourquoi ils sont là ; ici, tout est possible, tout reste à faire : on se sent libre.

 

 

Wallis est la dernière royauté de France ! Le système de chefferies (le droit coutumier local) et l’église se partagent le pouvoir ; un troisième pouvoir, celui de la France, essaye de s’imposer et de protéger la poignée de français présente sur le territoire : les ‘papalagi’ (on prononce ‘papalani’).

Le roi de Wallis (le Lavelua) veille sur la coutume. Tout comme ses souverains, il est rémunéré par la France (et royalement bien payé !) ; cette petite aristocratie locale profite des subventions colossales de la France et bloque toute possibilité de développement afin de conserver la part de ce gros gâteau.

Wallis appartient aux Wallisiens et personne d’autre ne peut posséder des terres ; même un français marié à une Wallisienne n’est pas propriétaire de sa terre et de sa maison ; les terres sont incessibles et leurs droits d’usages sont accordés aux chefs de familles.

Mais Wallis profite aussi aux fonctionnaires métropolitains, les mieux payés du monde (et net d’impôts !), et aussi à des sociétés fictives (société écran) ; enfin, Wallis est le spécialiste des pavillons de complaisance pour la simple et bonne raison que si les taxes douanières sont quasi-identiques à celles de la Calédonie (20%), elles sont plafonnées à 16.760 euros, même pour les paquebots !!!

 

 

Il y a une chose à voir absolument sur l’île : le cratère Lalolalo ; c’est le plus grand et le plus accessible car le site est entretenu. Le cratère a un diamètre de 400 mètres et il est profond d’au moins 50 mètres ; un chemin taillé dans la falaise permet d’accéder au fond. C’était un endroit sacré jusqu’à l’arrivé des américains qui l’ont utilisé comme poubelle avant de partir ; en plus des anguilles, on y trouve des chars, des jeeps et tout ce qui pouvait couler.

Cet endroit est fantastique et magique ; c’est le cœur de l’île, l’organe vital : le vao tapu qui donne toute la vitalité et la fertilité à l’île. La forêt est préservée et on y trouve les meilleurs arbres qui servaient à la construction de maisons et de pirogues pour les chefs des villages : les aliki.

Il règne une atmosphère spéciale à Lalolalo, un calme absolu, une sérénité étrange vous envahie, on ressent comme une présence, celle des ancêtres peut-être, et si on est pressé de partir, c’est uniquement à cause des moustiques, les seuls gardiens de ce site extraordinaire.

 

Le cratère Lalolalo

 

Tout le sable de Wallis a été utilisé pour la construction ; il ne reste qu’une plage : celle de la pointe Matala’a dont l’accès depuis la terre se fait juste après la station RFO. Toutes les autres plages de sable sont dans les îlots ; sur la quinzaine existant, seulement la moitié est intéressante car situé sur la barrière de corail ; ils sont entretenus et des fale  (maison traditionnelle en feuille de pandanus) ont été construites pour y manger et dormir. Pas facile de mouiller à proximité de ces îlots avec un fort tirant d’eau mais l’intérêt de Wallis est là, tout proche du récif.

 

Mouillage dans le lagon sud

 

Au nord : l’île aux oiseaux (motu Nukufotu) est restée sauvage et offre un joli point de vue de ses 50 mètres de haut.

A l’est, le motu Nukuhione regroupe tout ce que l’on recherche d’une île : l’endroit est propre et entretenu, on y trouve plusieurs fale, un puits d’eau douce, un accès direct à la barrière, de belles plages de sable et de quoi à faire un barbecue ; enfin, il existe à proximité de ce motu 2 grandes fosses dans le lagon aux eaux bleu outremer : le trou de diable au nord et le trou de la tortue au sud ; cette dernière est plus petite mais plus intéressante car la faune y est extrêmement riche.

Au sud : la passe Honikulu est très poissonneuse et la belle île Faioa est la favorite des papalagi.

A l’ouest, pas de motu mais 3 petites passes à faire impérativement lorsque la mer est calme ;  Avatolu et Fatumanini sont des paradis du PMT et Fuga’uvea de la plongée en bouteille.

 

 

 

La vie à Wallis est rythmée par la messe quotidienne de 5 heures (du matin !), par les week-ends bien arrosés et souvent meurtriers, et par les nombreuses festivités où cochons et kava sont à l’honneur.

Le cochon est un animal sacré, même la couverture de l'annuaire 2009 lui rend hommage ; on en compte 18.000 sur l’île de Wallis soit 2 fois plus que d’habitants, ce qui génère une pollution importante ; toutes les familles ont un élevage de cochons dans leur jardin, c’est traditionnelle et culturelle ; lors d’un mariage, d’une cérémonie religieuse ou d’une fête, les cochons sont bourrés de tronc de bananiers et cuits au feu de bois ; la cérémonie du kava royal est ouverte au public ; sa préparation se fait toujours en présence du roi et c’est à voir impérativement !

 

 

Si il y a une cérémonie coutumière à ne pas manquer, c’est bien celle du 15 août car elle représente bien l’importance de la religion et de la tradition à Wallis. Des centaines de cochons sont présentés couchés sur le dos et accompagnés d’ignames ; ces offrandes sont par la suite redistribuées par le crieur à chaque famille ; tout le monde repart donc avec un cochon préparé pour la cuisson mais non cuit et c’est bien là le problème car la cérémonie durant toute la matinée, les cochons ne sont plus tout à fait frais et certain papalagi s’en débarrasse à la décharge ; quel gaspillage lorsque l’on connaît le prix du kilo : 1000Fcp …

 

 

Il est temps pour nous de quitter Wallis ; 3 mois ce sont écoulés et si nous avons aimé Wallis, si nous avons aimé la gentillesse des Wallisiens, nous avons été déçu par le fait qu’ils ne partagent quasiment pas leur tradition et leur culture. Mais notre plus grande déception restera les ‘papalagi’ qui ne sont la que pour l’argent. Avec les primes, le salaire des enseignants peut atteindre les 18.000 euros par mois (et net d’impôt !) et plutôt que de profiter de cette expérience extraordinaire, de cette chance unique de découvrir un nouveau pays, ils restent entre eux, se plaignent continuellement et profite de toi dans l’unique but de faire un tour en voilier … gratos ! Ils ont complètement perdu la notion de l’argent et ne réalise plus ce que représente la somme d’un mois de leur salaire, à savoir : une année de caisse de bord pour nous, c’est énorme ! 

 

    

 

En annexe : Où plonger à Wallis ? plus de 25 sites référencés.