Bozu,

Il nous aura fallu 6 jours de navigation pour atteindre la Nouvelle Calédonie mais dans quelles conditions ! Nous avons du subir 2 jours de pétole, puis les alizés sont revenus, tellement soutenus que notre grande voile s’est déchirée, enfin pour couronner le tout, notre pilote automatique tout beau, tout neuf, tout rutilant est tombé en panne au bout de 4 jours de mise en service ! Nous avons dû tenir la barre durant deux jours et nous étions épuisés. Car outre le fait de piloter le bateau dans la bonne direction, il faut s’occuper de Maya, faire à manger, la vaisselle, etc… De plus, la nuit, au lieu de dormir, il nous fallait continuer à barrer. La moitié du temps, nous avons laissé le bateau avancer tout seul, les voiles étant bien réglées, le vent de travers, notre voilier était bien équilibré. La grande voile s’étant déchiré au niveau de sa partie inférieure, nous avons pris 1 ris et ainsi l’on pouvait continuer à l’utiliser.
Par contre, laisser le bateau naviguer « tout seul » ne permet plus de choisir un cap précis. Que de changements de destination dans nos têtes ! Epuisés, il nous fallait nous arrêter au plus près. L’île la plus proche était Anatom, appartenant au Vanuatu, le problème est que nous l’avons abordé de nuit et nous n’avons pas voulu prendre le risque d’accoster. Nous avons donc poursuivi notre route vers la Calédonie essayant de mettre le cap vers Lifou, qui est un port officiel d’entrée en Calédonie. Hélas, le Mootea ne l’entendait pas de cette manière et il se dirigeait plus au sud. Nous avons repris la barre et mis le cap sur Maré, autre île de l’archipel des loyautés, c’était notre seule solution bien qu’accoster sur cette île soit interdit puisque ce n’est pas un port officiel. Quel bonheur en pleine nuit de sentir tout à coup l’odeur de la terre ! Arrivés à 5 heures du matin après deux nuits blanches, nous avons jeté l’ancre et dormi… une heure avant que notre bébé ne se réveille, en pleine forme elle ! Nous sommes allés voir les gendarmes pour leur expliquer notre situation et ils ont été gentils et très compréhensifs ; ça changeait de la morgue patibulaire des douaniers fidjiens.

Nous sommes restés 3 jours sur Maré afin de nous reposer. Plusieurs choses nous ont étonnés. Tout d’abord, l’on a du mal à s’imaginer en France. Il n’y a pratiquement aucun blanc ici et l’on n’a vu aucun métisse. Cette île ne diffère pas beaucoup des îles que l’on a croisé en chemin, aussi pauvre, aussi peu d’infrastructures, des gens habillés à la « locale » et qui entre eux ne parlent jamais le français. On a trouvé les kanaks très gentils mais pas du tout curieux de qui l’on était ou d’où l’on venait. Pour notre plus grand soulagement et peut être le sien, on ne nous arrache plus Maya à tout bout de champ. Les kanaks que nous avons rencontrés sont très fiers d’être originaires de Maré et chacun revendique très fortement l’appartenance à sa tribu. Aucun ne voudrait aller vivre à Nouméa. Autre particularité, le tutoiement n’est pas de rigueur et il nous faut faire de gros efforts pour se remettre à utiliser le « vous ». Car pour ceux qui ne le savent pas, en Polynésie tout le monde se tutoie. On tutoie son banquier, son médecin ou n’importe qui dans l’administration.
Et puis, ici il fait froid. Peut être les métropolitains rigoleront mais pour nous 22° le jour et 15° la nuit, c’est horrible !
Arrivée à Nouméa Arrivée à Nouméa

Après notre repos, nous avons remis les voiles direction Nouméa sur la grande terre. Il nous fallait impérativement arriver à l’étale pour franchir la passe d’où cette navigation de nuit obligatoire. Le franchissement de la passe a été un peu sportif car il y avait un courant sortant de 3 nœuds et de sacrés remous qui déséquilibraient le Mootea. Mais en définitif, nous sommes arrivés « sains et saufs » à Nouméa.

Mouillage port Moselle Port Moselle

La Calédonie, on aime ou on n’aime pas et dans notre cas, arrivant de Tahiti après 6 mois de navigation dans des îles paumées, on n’a pas aimé ! Nouméa est une ville du sud de la France comme Cannes où tout est réglementé, interdit ou payant. Le mouillage en bateau devant la capitale est facile mais la zone est truffée de corps mort privée et dès que le vent tourne, il faut sans cesse remouiller pour ne pas léviter sur une bouée ou un bateau. Le débarquement en annexe pose problème car tous les accès sont interdits ou payants ; le contrat annexe est à 80 euros/mois.
Mouillage devant port Moselle : on peut laisser l’annexe devant le marché (mais pas la nuit)
Mouillage baie de l’Orphelinat : le seul endroit pour débarquer est sur la digue.
Pour faire de l’eau : ce n’est pas possible, même en faisant du gasoil, il faut payer.

Le phare Amédée, à 12 milles seulement de Nouméa : Le fameux phare ... Le phare Vue imprenable du phare

Mais si nous n’avons pas aimé Nouméa, on a aimé la Calédonie. A 5 miles seulement de la capitale, le dépaysement est garanti. Le premier îlot désert est l’île aux Goélands mais si vous poussez un peu plus loin, le phare Amédée est fantastique, et juste derrière, c’est la grande barrière de corail ; un peu plus à l’Est se trouve la belle île des Pins avec son eau cristalline ; en poursuivant plus au Nord, il y a les îles Loyautés et bien d’autres îles à quelques jours de navigation seulement. Pas de doute, la Calédonie est un pays à bateaux.
paradisiaque, non ? Mouillage tranquille ! de l'eau cristalline oui, mais froide !

A suivre…